mardi 4 janvier 2011

Si j’aurais su, j’aurais pas venu…


Certains d’entre vous se souviennent sans doute de cette phrase prononcé dans ce vieux film, « la guerre des boutons », par un des jeunes héros… Eh bien elle résume parfaitement ce que j’ai ressenti la seconde fois où j’ai fait la descente des Gorges de Samaria en 2000… 
Eh oui, car gardant un bon souvenir de ma première visite là-bas, j’ai eu envie d’y retourner deux ans plus tard, et d’en profiter cette fois-ci pour filmer un peu en même temps… J’ai juste oublié un détail le jour où j’ai réservé l’excursion : je séjournais à Héraklion, et le temps de trajet était plus long… et vu que l’employée qui m’a vendu l’excursion ne m’a pas donné certains détails pratiques, je ne m’en suis aperçue que trop tard, dans le bus, où j’ai appris que nous n’allions arriver qu’à 10 h du matin en haut des Gorges, et qu’il fallait prévoir un pique-nique, or je n’ai rien amené à manger… Donc, résumé de la situation : la descente allait se faire aux heures les plus chaudes de la journée, ce que tous les guides de voyage dignes de ce nom déconseillent fortement, et en plus j’allais devoir le faire l’estomac vide !!!
Donc, après plus de 4 h 30 de bus pour arriver en haut des gorges, nous faisons un arrêt à un restaurant où je peux acheter un peu de nourriture, un sandwich, une viennoiserie et une banane, qui me permettront de tenir le temps d’arriver en bas des gorges…
Je commence la descente sur le chemin jonché de cailloux : comme dans mon souvenir, ces glissent sous le pied, se dérobent... Le paysage est magnifique, mais il n’est guère possible de s’y attarder : je marche les yeux rivés sur le sol et mes pieds, avec raison : une fois je glisse et manque de me retrouver sur les fesses ; une autre fois, je me tords la cheville, heureusement sans gravité...
Bientôt, la « balade » prend des allures de « descente aux enfers » : le sol est traître, caillouteux, le soleil tape de plus en plus et l’ombre se fait plus éparse, j’ai la désagréable impression de sentir toutes les aspérités du chemin, tous les cailloux qui roulent sous la plante de mes pieds... Les premiers kilomètres n’ont rien d’une partie de plaisir, je me console en me disant que ça ira mieux après... Je m’arrête aux points d’eau pour y étancher ma soif, mais ne m’arrête pas longtemps, craignant de ne pas avoir le courage de repartir au bon rythme... J’arrive bientôt aux premiers gués et en me trompant de direction, je prends un bain de pied… euh non, là je n’avais pas besoin d’être rafraîchie… c’est plutôt le reste du corps qui en aurait besoin, car le soleil commence à cogner sec, les coins d’ombre sont plutôt clairsemés, et je suis déjà trempée de sueur.
La route descend, remonte, redescend,... Je croyais me souvenir de sentiers en terre battue, plats, ben non ! Il y a bien quelques portions, mais toujours parsemées de très nombreux cailloux et qui ne cessent de monter et de descendre... Je commence à avoir une baisse de rythme et ralentis, réalisant que j’ai dû partir trop vite au début et présumer de mes forces. J’adopte donc un rythme un peu plus lent et je continue... de toute façon, je n’ai plus le choix, maintenant que j’y suis il faut bien aller jusqu’au bout (à moins de me blesser et de me faire conduire à Agia Roumeli en « ambulance » locale, c’est-à-dire à dos d’âne, mais, à choisir, je préfère quand même arriver en bas indemne...).
J’arrive bientôt à une vallée dont je me souvenais, mais qui a beaucoup changé : des centaines de petits tas de pierre, des “caerns” dressés là par des randonneurs, façon de laisser une trace de leur passage... 
Le chemin continue de serpenter à travers la montagne, toujours aussi caillouteux, et mes pieds continuent de souffrir (dans quel état vont-ils être ce soir ?).
Vers 13 h 00, j’arrive enfin au village abandonné de Samaria qui, de mémoire, se trouve juste au milieu des gorges... Abandonné, le village ne l’est plus vraiment à cette heure, envahi par des dizaines de touristes qui y cherchent un coin à l’ombre pour déjeuner... Je déniche une petite place sur un banc au pied d’un arbre et mange le sandwich et la banane, avant de repartir.
 
 
Le chemin continue jusqu’à une vallée caillouteuse où il disparaît ! Il n’y a plus qu’à se frayer un passage parmi les pierres de toutes tailles. Cela relève plus de l’expédition que de la balade et, pour la énième fois de la journée, je regrette d’être venue... Mes pieds ne cessent de protester, ils ne sont pas les seuls à souffrir : tout mon corps commencer à rechigner à l’effort, surtout mes jambes. Je me demande comment j’ai fait pour descendre les gorges si vite et sans souffir autant deux ans avant et ne pas me rappeler combien c’était difficile. Je me dis que je devais être dopée, ou alors moins fatiguée que cette année-là, le programme des jours précédents n’ayant pas été de tout repos, puisque j’avais voulu voir un maximum d’endroits en un minimum de temps. Pour ne rien arranger, nous sommes aux heures les plus chaudes de la journée, le soleil cogne très très dur et pas un nuage ne vient atténuer ses rayons... si ce n’est pas l’enfer, ça y ressemble ! Je ralentis de plus en plus, j’ai du mal à garder le rythme... Je m’arrête de plus en plus fréquemment, au bord des larmes et de la crise de nerfs, et maudis une fois de plus l’inconscience du tour opérateur de faire faire cette excursion aux heures les plus chaudes de la journée !!!!
 
 
Enfin se dressent devant moi les fameuses Portes de Fer, le point le plus étroit des gorges... plus que quelques kilomètres avant Agia Romelis... 
mais ce sont les plus durs pour moi... plus d’ombre... un soleil de plus en plus brûlant... mes pieds refusent de plus en plus d’avancer, ils me font mal, ça tourne au calvaire... Je m’arrête plusieurs fois encore, complètement crevée, en ayant l’impression que mes jambes ne vont pas tarder à me lâcher. Le chemin est toujours aussi caillouteux, j’en sens chaque aspérité, chaque pierre...
Vers 16 h 30, j’arrive enfin au village. Je m’écroule presque à la terrasse d’une taverne et commande pour me remonter un yaourt au miel et une bouteille d’eau, il va bien me falloir au moins ça !!!
Je patiente pour prendre le bateau du retour, à bord duquel je somnole, et je subis une dernière épreuve avant de pouvoir m’écrouler d’épuisement dans le bus : l’escalier qui mène au parking... un calvaire pour mes genoux qui protestent à leur tour (sans compter mes pieds, bien sûr...). Je m’effondre sur mon siège et somnole bientôt, pour récupérer un peu de la fatigue (et surtout le voyage du retour durera moins longtemps !). Il est plus de 23 h quand j’arrive enfin à mon hôtel, que j’ai quitté le matin même à 5 h 30, autant dire que la journée a été très longue. Une fois dans ma chambre, je peux enfin retirer mes chaussures et constate l’étendue des dégâts : j’ai une magnifique ampoule sur le gros orteil du pied gauche, et le pied droit gonflé et douloureux... Aïe aïe aïe !!!

Et voilà toute l’histoire… Donc, un conseil d’amie, si vous séjournez en Crète, ne faites la descente des gorges de Samaria que si vous êtes en bonne forme physique, et surtout si vous êtes assuré d’être en haut des gorges tôt le matin, vers 7 h 30 – 8 h, sinon croyez-moi, vous allez souffrir !!!

A bientôt !

2 commentaires:

  1. Qu'est-ce qui était le plus dur ? Le VTT ou les Gorges ?
    Bidochon.

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  2. J'aurais tendance à dire les Gorges, car avec le VTT, je souffrais, mais il y avait parfois les descentes sur route goudronnée qui permettaient de se reposer un peu, alors que là pas le choix, il n'y avait que mes jambes pour me porter...
    Mais bon, j'avoue quand même que si je peux y retourner, en y allant cette fois plus doucement et surtout en partant aux aurores du haut des Gorges pour être en bas au moment le plus chaud de la journée, je le referais... oui, je sais, je suis un peu maso !

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